Petite histoire du cher

Petite histoire du cher. En cette période de hautes eaux, on observe traditionnellement la crue du cher à Selles-sur-cher, dont les eaux provenant de l’amont viennent lécher les terrasses du château. C’est oublier qu’existent d’autres affluents significatifs qui apportent leurs eaux depuis le Berry.

C’est le cas de la Sauldre qui vient se jeter dans le cher juste en aval du château. La Sauldre est connue pour fréquemment inonder Romorantin-Lanthenay, apportant d’autres eaux provenant de l’Arnon au confluent avec l’Yèvre, toutes deux arrosant Bourges, capitale de l’ancienne province du Berry.

Malgré les crues de ces rivières berrichonnes, depuis le Moyen-âge une importante batellerie permettait des échanges commerciaux à travers la contrée. On remontait du sel depuis Nantes par la Loire et le cher, tandis que d’autres denrées étaient échangées dans l’autre sens, depuis le Massif central.

Le 10 août 1727, un arrêt du conseil d’état du roi Louis XV donne suite aux revendications du Sieur Cardin le Bret, en sa qualité de Comte de Selles en Berry, sur les droits de péage qui se perçoivent sur la rivière de Cher. Dans cet arrêt, on apprend l’ancienneté de ces droits, successivement accordés aux seigneurs de Selles, les plus anciens remontant à juillet 1445 aux bénéfices de Louis de la Trémoïlle, celui qui participa à l’aventure de Jeanne d’Arc.

Louis Raynal, dans son Histoire du Berry, rapporte que l’Auron commença à porter des bateaux en 1553. Pour les marchands de Bourges, ce fut une grande nouvelle, attendue depuis bien longtemps. Sous Charles VIII, déjà, Bourges s’occupait de rendre l’Auron navigable jusqu’au cher, au moyen d’écluses, de portes et de retenues d’eau. Les rois qui s’étaient succédé depuis Charles VIII, Louis XII et François 1er avaient tous accordé des concessions considérables. Ce dernier avait plus largement développé les travaux, en octroyant 7.142 livres en sept ans.

Le château de Selles-sur-Cher comporte un accès direct au cher par bateaux à l’intérieur du domaine. La rampe est toujours visible, une porte ferme l’accès à la rivière sous une poterne. On ignore la datation de cet ouvrage, mais les murs en pierre qui soutiennent la rampe sont de même facture que les douves à l’ouest du château médiéval. Cette rampe figure sur le plan du parc du XVIIIe. Siècle retrouvé récemment, et des petites constructions situées au niveau de la poterne laissent penser qu’il pourrait s’agir d’anciens bâtiments de défense.

Après François 1er, les marchands se crurent en pleine possession du succès. En décembre 1555, sous Henri II, la duchesse Marguerite (du Berry) s’était même désistée de ses droits de péage, et avait ordonné à son procureur de Vierzon de renoncer aux poursuites qu’il avait dirigées contre les marchands fréquentant la rivière.

Hélas, cette navigation éprouva de continuels obstacles, des constructions mal réalisées se dégradèrent rapidement sous les effets des inondations fréquentes. Il fallut alors abandonner la navigation sur l’Auron pour adopter des travaux plus coûteux.

C’est sous Henri IV, sur une proposition de Sully, frère de Philippe de Béthune, qu’un projet de canal fut déposé. Cependant il ne fut adopté, sur la demande de l’Assemblée provinciale, qu’à la fin de l’ancienne monarchie. Les travaux ne furent entrepris que sous l’empire. Trois siècles et demi d’efforts ininterrompus, d’essais infructueux, d’études et de plaintes se sont finalement écoulés, pour que Bourges et sa province fussent dotés d’une navigation régulière et sûre. Le décret impérial du 16novembre 1807 décide que « le cher sera rendu navigable en suivant son cours actuel au moyen de plusieurs dérivations, depuis Montluçon jusqu’à son embouchure sur la Loire.

Ce canal joua un rôle important dans le développement économique des villes desservies. Par exemple, concernant Selles-sur-Cher, les cahiers des amis du vieux Selles relatent que le port situé sur la route de Blois acceptait un trafic de 24.626 tonnes de marchandises en 1861. Cet ancien port est toujours visible aujourd’hui, il est situé sur la droite de la route à la sortie de Selles, le long de la rue des épinettes, le basin accueillant parfois des pêcheurs. Plus près de nous, l’usine céramique s’est implantée à sa proximité en 1920, profitant du transport des marnes par les bateaux du canal.

Ce canal du Berry fut déclassé et finalement aliéné en 1955 (sous le ministre de l’Intérieur François Mitterrand), et vendu pour 1 franc symbolique par kilomètre, aux communes traversées qui en firent ce que bon leur a semblé.

Sur le plan touristique, divers projets existent permettant la découverte de nos régions, en navigation de plaisance, en vélo ou à pieds. Citons notamment le projet de la région Centre, portant sur un itinéraire du cher à vélo, reliant Tours au canal de Berry. Certains projets ont déjà vu le jour à l’ouest de la vallée.

Louis Chaudru de RAYNAL. Avocat, substitut du procureur général à Bourges (1833). Premier avocat général à la cour Royale en 1841. Procureur général à la cour de cassation en 1877. Lorsqu’il est destitué en 1877, il se retire à Saint Éloi de Gy dans sa propriété du Vernay où il termine sa vie à l’âge de 87 ans. En 1834 il entre au Conseil municipal de Bourges pour 5 ans (puis au Conseil général de 1867 à 1871). Sa passion fut l’écriture avec une « Histoire du Berry depuis les temps les plus anciens jusqu’en 1789 » en 12 volumes qu’il rédige de 1835 à 1844. Ce fut une œuvre monumentale.

Le cher à Châtillon-sur-Cher vue amont vers Selles – image GilGa
Le cher à Châtillon-sur-Cher près de Selles vue vers l’aval – image GilGa
Palais Jacques Cœur Bourges – image site ville de Bourges

https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_Jacques-C%C5%93ur

Image provenant du site https://arc-sites.blogspot.fr/2013/05/amenagement-des-abords-du-palais.html