Un peintre d’ombres et de lumières
L’une des caractéristiques de la peinture de Caravage, un peu avant 1600, est son usage très novateur du clair-obscur (chiaroscuro) où les gradations des parties éclairées jusqu’à l’ombre sont violemment contrastées. Dans la plupart des tableaux de Caravage, les personnages principaux de ses scènes ou de ses portraits sont placés dans une pièce sombre, un extérieur nocturne ou simplement dans un noir d’encre sans décor. Une lumière puissante et crue provenant d’un point surélevé au-dessus du tableau, ou venant de la gauche, et parfois sous forme de plusieurs sources naturelles et artificielles, découpe les personnages à la manière d’un ou plusieurs projecteurs sur une scène de théâtre.
Travail de la couleur
Très attentif aux effets lumineux et à l’impact d’une peinture sobre, Caravage réduit aussi ses moyens d’expression par la couleur. Sa maîtrise de la couleur est remarquable et provoque l’admiration de ses contemporains. Contrairement aux pratiques en vogue à son époque, Caravage évite les dégradés à l’intérieur de chaque ton et ne craint pas de juxtaposer abruptement des couleurs saturée.
Figures naturalistes
Les compositions des toiles de Caravage forment un élément essentiel du caractère de son œuvre : il fait très tôt le choix de peindre des figures naturalistes, avec un sens certain du réalisme. La plupart de ces figures sont peintes très près de l’échelle humaine, quasi grandeur nature. Caravage traite certains sujets comme des tranches de vie. Les peintures de Caravage se distinguent par l’absence de tout effet de perspective sur une quelconque architecture, afin de pouvoir privilégier l’observation naturaliste de ses modèles.
Évolution du catalogue
Comme aucun dessin de Caravage n’a jamais été retrouvé, toute son œuvre connue est constituée de peintures. Lors des premiers recensements, entre le XVIIIe siècle et le XIXe siècle, on énumère plus de 300 peintures qui lui sont attribuées, mais l’estimation de Roberto Longhi est beaucoup plus modeste : « à tout compter, une centaine de tableaux ». Ce chiffre est tombé autour de 80 en 2014, sachant qu’un grand nombre a été perdu ou détruit. Dans ce groupe, une soixantaine d’œuvres sont reconnues unanimement par la communauté des spécialistes de Caravage, et quelques autres sont plus ou moins contestées quant à leur attribution.
Comme la plupart des artistes de cette époque, Caravage ne laisse ni date, ni signature sur ses tableaux, à deux exceptions près : La Décollation de saint Jean-Baptiste qui est symboliquement signée avec la représentation du sang qui gicle au bas du tableau, et la première version authentifiée en 2012 de la Tête de Méduse. Les attributions sont compliquées par le fait qu’il est d’usage courant à l’époque, pour certains artistes, d’exécuter des copies ou des variantes de leurs tableaux à succès, ce que fait Caravage pour plusieurs de ses œuvres.